Derrière les baguettes : Entretien avec Basile, prof de Batterie à la Music Factory.

Organiser une interview avec les professeurs de la Music Factory peut s’avérer un vrai casse-tête. La raison ? Ce sont avant tout des musiciens, jonglant entre mille projets. Des artistes qui vivent pour la musique, ce qui confère à leurs cours une saveur particulière. Cependant, réserver un créneau en dehors de leurs cours hebdomadaires, c’est un peu galère…

Alors, c’est à bord de sa voiture que nous discutons avec Basile, l’un des professeurs de batterie de la Music Factory. La connexion est parfois intermittente, mais l’interaction est chaleureuse.

Professeur de batterie à la Music Factory.

Comment as-tu atterri à la Music Factory ?

Après mes études musicales à Bruxelles (j’ai suivi des cours d’ingénieur du son, entre autres) et un cursus à la M.A.I de Nancy (Music Academy International), je cherchais simplement un job. J’ai fait quelques petits boulots en attendant, et j’ai même travaillé dans le restaurant de la cousine de Guillaume et Thomas (les fondateurs de Music Factory, ndlr). Comme nous avions fait la même école à Nancy, nous nous sommes retrouvés. Ils cherchaient un prof de batterie pour leur école, et voilà 4 à 5 ans que j’accompagne les élèves de la Music Factory dans leur parcours musical.

 

 

Justement, à quoi ressemblent les élèves de la Music Factory ? Les suis-tu depuis le début ?

C’est ça qui est cool. Environ 80% des élèves continuent, donc au fil des 4 à 5 ans, leur nombre augmente, mais je garde également les anciens. Je consacre une trentaine d’heures par semaine à la Music Factory. En ce qui concerne les profils, les élèves ont entre 5-6 ans et… il n’y a pas de limite d’âge.

 

 

Ça doit être assez différent d’enseigner à un enfant de 5 ans par rapport à un adulte, non ?

 

Nous nous adaptons, c’est l’avantage des cours individuels que nous offrons ici. Tout en gardant la structure de base, nous nous alignons sur les objectifs des élèves, leurs préférences musicales, et nous essayons de découvrir ce qui les motive. Chacun progresse à son rythme, et nous ne recréons pas une ambiance scolaire. Forcer ne sert à rien, au risque de les dégoûter. Par exemple, un peu de pratique à la maison est bénéfique, mais si ce n’est pas possible (par exemple, pour un adulte après une longue journée de travail), ou s’ils ne le souhaitent pas, c’est tout à fait acceptable pour nous. Pour les plus jeunes, il existe également des professeurs plus adaptés à l’éveil musical.

 

Comment peut-on se motiver ou motiver les élèves ? La musique demande du travail et de la discipline, derrière le spectacle que l’on voit.

En effet, les débutants à la Music Factory ont parfois des attentes élevées. Je compare souvent la musique aux arts martiaux. Pour atteindre le résultat final, il faut de l’humilité, du travail, de la discipline, et il faut répéter les mêmes mouvements un nombre incalculable de fois. Il faut apprendre à aimer aussi ces moments-là. Notre rôle est de montrer aux élèves l’objectif final, d’expliquer à quoi serviront leurs efforts, et de rendre le travail plus fun. A nouveau, aucune culpabilisation chez nous. Chacun son rythme. Mais c’est important d’identifier la manière dont l’élève aborde sa progression. Pour certains, la pression les démotive, tandis que pour d’autres, le manque de progrès peut les frustrer et les décourager. Nous nous adaptons également à ces besoins.

 

 

 

Les percussions c’est encore un monde fort masculin non ?

Je constate de plus en plus de filles dans mes cours, environ 30%. De tous les âges d’ailleurs. Certaines jeunes filles choisissent immédiatement la batterie, et des femmes de 40, 50 ans s’y mettent aussi. Dans les festivals, on met de plus en plus en avant les musiciennes, ce qui est formidable pour susciter des vocations. D’ailleurs, l’une de mes élèves les plus talentueuses est une femme qui joue dans un groupe entièrement féminin !

 

 

Si j’ai envie de suivre un cours de batterie à la Music Factory, ça se passe comment. Je peux te choisir comme prof maintenant que je te connais un peu ?

Pourquoi pas. Tu contactes Guillaume chez Music Factory. Le choix du professeur dépend principalement des horaires disponibles, mais si tu as une préférence, nous essaierons de nous arranger. Pour le premier cours avec moi, c’est une découverte. L’élève vient généralement sans son propre équipement, j’ai toujours quelques paires de baguettes supplémentaires. Nous expliquons les différentes parties de la batterie et nous faisons connaissance. La première partie technique, c’est « comment tenir les baguettes », ce qui n’est pas si simple en réalité.

 

 

Donc pas besoin de matos au départ. Si j’accroche et que je veux acheter du matériel, tu prodigues des conseils ?

Généralement on va même plus loin que ça car je trouve que c’est important pour un musicien de comprendre les types d’équipement, les possibilités, les matériaux, les qualités. Nous proposons parfois même un cours spécifique sur le matériel lui-même, comment l’accorder et comment le choisir.

Ensuite je conseille toujours de se rendre dans un magasin. Lorsque vous avez la chance d’en avoir un près de chez vous (c’est le cas près de Music Factory) les vendeurs sont toujours de bon conseil.

 

Tu donnerais quoi comme conseil à un parent dont l’enfant veut apprendre à jouer d’un instrument ?

Si l’enfant a moins de 5-6ans, c’est toujours intéressant de commencer par l’éveil musical. Parfois les enfants ont des marottes mais en essayant différents instruments, ils peuvent faire un choix plus éclairé. Ils peuvent essayer la guitare, le piano, les percussions par exemple. Parfois c’est tout simplement impossible qu’il touche les pédales de la batterie…

 

Faut-il attendre que la demande vienne de l’enfant ?

Je trouve que c’est toujours mieux si c’est spontané. Il arrive que les parents transfèrent à leur enfant leur propre envie de faire de la musique. Dans ce cas, je leur conseille de venir eux-mêmes chez Music Factory. Il n’est jamais trop tard pour apprendre. Maintenant on peut lui faire tester. C’est possible chez Music Factory puisque l’engagement se fait par trimestre et il est possible de rejoindre les coursà tout moment de l’année. Mais s’il n’adhère pas, ça ne sert à rien de forcer.

 

 

 

N’est-ce pas un peu triste d’apprendre en solitaire ? La musique c’est aussi le partage non ?

Chez Music Factory, contrairement à d’autres structures, un cours d’ensemble n’est pas systématique dans le cursus. Certains ne le sentent pas ou attendent d’être un peu plus à l’aise avec leur instrument. Mais nous proposons des cours d’ensemble avec deux profs encadrants par groupe. C’est l’occasion d’apprendre à jouer en tenant compte des autres musiciens, à se frotter à la scène en fin de session. Les professeurs encouragent leurs élèves à suivre ces cours quand ils les sentent prêts, surtout s’ils semblent un peu nerveux. Il peut s’agir de professeurs différents de ceux du cours individuel, mais cette année, par exemple, j’ai passé deux jours dans un cours en groupe, car deux de mes jeunes élèves âgés d’une dizaine d’années y participaient. Ils n’étaient pas seuls !

Comment ça se passe l’ambiance entre profs. A priori, vous ne vous voyez pas beaucoup si ce sont des cours individuels. Chacun avec son élève ?

C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’occasions de se voir pendant les cours mais pour moi, une grande partie de mes plus proches amis sont des profs de Music Factory. Mon colocataire actuel est un prof de Music Factory et mon futur colocataire l’a également été. On sympathise lors des pauses café et surtout lors des stages d’été. Deux semaines tous ensemble, en résidentiel. C’est un moment que les profs ne veulent pas rater. Pour l’ambiance avec le groupe d’élèves mais aussi pour l’interaction entre profs. Le noyau initial de Music Factory reste très soudé. Il y a du renouvellement parce que l’école grandit et que les professeurs professionnels du début voient leurs projets musicaux se concrétiser, ce qui les amène parfois à réduire leur nombre d’heures d’enseignement. La dynamique évolue, c’est tout à fait naturel.

 

 

Puisque tu en parles, quels sont tes projets en dehors de la Music Factory ? Je suppose qu’avec 30 heures de cours par semaine, tu n’as pas beaucoup de temps ?

C’est pour cela que les autres jours sont aussi bien remplis. Je te parle depuis la voiture. Je pars répéter. J’ai un projet solo que je produis, écris et compose. Comme je fais aussi de la MAO (Musique assistée par Ordinateur), ça me permet d’être impliqué à chaque étape du projet, avec la participation de plusieurs musiciens de Music Factory d’ailleurs. C’est un projet rap/rock de base mais je constate qu’on a évolué de plus en plus vers de la pop !

Et puis, j’interviens ponctuellement sur d’autres projets. C’est chaud parce que généralement on doit se préparer très rapidement. On te communique 15jours à l’avance la liste des morceaux, le jour du concert et c’est parti, parfois même sans répétition. Mais ça permet d’aborder plein de styles différents et d’éviter de perdre du temps dans les trajets et les répétitions. En revanche cela demande beaucoup de travail de préparation en solo à la maison. Bon je te laisse, j’arrive sur le lieu de répétition…